Série théâtre d’objets (18 images). La radiographie est un théâtre : n’importe quel manipulateur radio à l’hôpital vous le dira : la pose, l’angle de prise de vue (…), tout est mis en scène pour le rendre le traumatisme explicite. La radiographie, comme toute imagerie scientifique, est donc un artefact. C’est même le théâtre anatomique, la vanité ou le memmento mori contemporain. On est bien loin des stéréotypes positivistes d’une imagerie objective et neutre !
Le théâtre suppose aussi des décors, des costumes… J’ai donc fait de la marionnette un masque pour la main, un peu comme une seconde peau. Au début, c’était un formidable laboratoire qui m’a permis de tester toutes sortes de matériaux. Ces marionnettes sont en fait des sculptures réalisées dans des matériaux adaptés aux rayons X, en fonction de l’opacité d’une main. Cela m’a permis de peaufiner les rapports de “valeurs” : j’ai ainsi pu exploiter toute la gamme des gris qu’offre la radiographie numérique et jouer en même temps avec les stéréotypes culturels d’hier et d’aujourd’hui, en confrontant différents types d’imageries, tour à tour médicales, étranges, kitch, religieuses…
Enfin, le dispositif théâtral suppose un certain rapport à la croyance. Le scientifique, qu’il le veuille ou non, a toujours eu affaire de près ou de loin à ce qui l’excède (religieux, divinatoire, magie…). La question reste d’actualité, à l’heure de la sacralisation de la technologie.
L’usage de la radiographie sur le corps humain à des fins non médicales est interdit, article L1333-11 du code de santé publique, mention ASN