Série ombres chinoises (14 images). Le cabinet de radiologie est une grotte où l’image redevient une ombre. Tout radiologue peut en faire l’expérience car la radiographie procède comme une ombre chinoise c’est à dire comme une projection : en effet, la main faisant plus ou moins obstacle aux rayons en fonction de la densité de ses constituants, marquera par conséquent plus ou moins la plaque de capteurs devant laquelle elle se trouve ; exactement comme un photogramme. La radiographie a donc bien à voir avec la photographie et son histoire.
J’ai donc demandé à des marionnettistes et des ombromanes de rejouer le bestiaire enfantin des ombres chinoises pour refaire l’expérience de la confusion entre la lumière et les rayons X (qui est à la base de la découverte de Röntgen).
Il ne s’agit plus ici de mettre en image les trauma d’un “je”, d’un “patient”, mais bien de documenter l’imaginaire que “nous” partageons à travers le bestiaire de notre enfance. Au dire des personnes qui ont posé pour ces images, il y a quelque chose de souverain, de poétique à mimer un loup ou un cerf avec les os de ses mains, d’autant que la radiographie médicale ne présente en fait qu’une réalité “diminuée” de nous-mêmes (et non une “réalité augmentée”) puisqu’elle évacue notre peau, notre histoire, notre affect…
Au final, cette série redonne une place active au regardeur qui doit décrypter l’image (qui n’est plus destinée au seul spécialiste) et jouer à reconnaître l’animal mimé par les mains.
L’usage de la radiographie sur le corps humain à des fins non médicales est interdit, article L1333-11 du code de santé publique, mention ASN