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Les images, les mots, les objets, les usages qu’on s’improvise au quotidien s’imposent bien souvent à nous comme un filtre, de par notre vécu, notre affect ou même notre corps. Ces représentations masquent bien souvent l’être humain dont elles ne cessent pourtant de parler : elles font écran et s’interposent entre chacun d’entre nous et une réalité qui bien souvent nous dépasse… L’envers complice de la médaille, c’est que ces petites négociations éphémères sont aussi difficiles à saisir qu’un glaçon : ça vous brûle les mains en vous fondant entre les doigts. Car tout cela est crypté, coincé entre vessies et lanternes, support et projection, par le poids de l’engagement ou de la distance de chacun.

Je pense qu’il faut que l’image inquiète, sollicite le regard, éveille les consciences face à ses faiblesses ; car entre les fascismes passés et les nouvelles formes d’extremismes, l’image est devenue une arme de désocialisation massive : on voit tous les jours des gens certifier et émouvoir à la fois, faire passer leur point de vue pour neutre ou objectif… Il s’agit donc pour moi de démonter les mécanismes de ces représentations, d’une part en mettant en lumière les partis-pris s’exprimant dans le choix et le traitement des matériaux, d’autre part ceux liés à l’histoire des techniques ou technologies, et enfin en exploitant l’esprit des lieux que j’investis.

Quelle que soit la question, je la pose entre un “je” et un “nous”, pour voir d’une part, comment mes propositions rassemblent autant qu’elles divisent et, d’autre part, pour redonner une véritable place au spectateur à une époque où tout tend se dissoudre dans une “interactivité généralisée”. C’est pour moi une façon de remettre en jeu le feu qui nous anime… Histoire de trouver une autre distance avec ce qui motive ces vues de l’esprit.

Enfin, mes travaux sont à la croisée de nombreuses thématiques et s’adressent aux plus jeunes comme aux adultes, du fait de mon approche historique et ludique, attachée à l’éducation à l’image.